Pour dépasser les doutes, en finir avec les incertitudes, s’autoriser à penser “autrement”, à voir sa vie différemment et et s’ouvrir à de nouvelles expériences aux allures de renaissance, il n’y  qu’une solution : apprendre à se connaître.

La connaissance de soi est sans aucun doute le plus grande richesse à laquelle on puisse aspirer, car elle nous ouvre la voie à tous les possibles, au présent comme dans chaque instant à venir.

Pour y parvenir, il suffit d’accepter ce que l’on est, d’où l’on vient et comment nos choix génèrent notre vécu jour après jour. Dès lors, ce que l’on perçoit et ressent prend une autre dimension, et nos rapports avec le monde, comme avec les autres, s’en trouvent régénérés pour toujours.

Deviens ce que tu es. Fais ce que toi seul peut faire. Friedrich Nietzsche

Extraits du “Grand livre de la connaissance de soi”.

L’aptitude à se connaître, sans fards et sans détours, par-delà des apparences qui jalonnent notre quotidien, est sans conteste l’un des atouts majeurs auquel puisse prétendre tout être humain ayant une conscience.

Encore faut-il s’entendre sur la nature de cette connaissance. En effet, il ne s’agit pas ici d’une connaissance livresque ou estudiantine, puisée dans les livres ou apprise d’une quelconque manière. Mais au contraire d’un savoir autrement plus personnel et intime, à la croisée de l’existence corporelle et des pensées initiées dans les obscurs méandres de l’esprit.

Connaître, savoir, esprit… trois mots qui, à eux seuls, cernent le sujet et soulignent d’emblée l’envergure du problème. Mais, contre toute attente, rien n’est aussi simple qu’il y paraît, surtout quand il est question de soi-même.

Prétendre « connaître » est une chose, une démarche des plus courantes dans la vie de tous les jours, qui rassure et sécurise ; mais « savoir » véritablement est d’une toute autre portée, confère aux actes et aux pensées qui s’enchaînent d’heure en heure une dimension sans commune mesure avec les prétentions verbales ordinaires.

Percevoir ce qui nous entoure, l’environnement dans lequel nous évoluons, les êtres que nous croisons ou qui nous accompagnent, génère une connaissance et authentifie le fait que nous avons une conscience des choses. Mais il s’agit là d’une approche et d’un regard extérieurs : avoir « conscience de soi », c’est-à-dire porter un regard sur son propre monde intérieur, est une autre affaire.

C’est cette conscience tournée vers le dedans de notre être, et elle seule, qui conduit à la connaissance de soi. Mais, ce que l’on ignore fréquemment, c’est qu’au-delà de la connaissance extérieure et immédiate le chemin pour parvenir à une réelle « connaissance de soi », pleine et entière, est souvent très long.

D’emblée, une distinction majeure s’impose : avoir conscience que l’on existe, que l’on est vivant et pensant, ne signifie pas pour autant que l’on connaît sa propre essence la plus intime, ce qui nous définit et nous distingue de tous les autres individus.

Dès lors, si être simplement doué d’une conscience ne suffit pas, la question qui se pose est de savoir comment parvenir, en toute objectivité et le plus précisément possible, à la connaissance de soi.

Pour tenter d’y répondre, peut-être faut-il en premier lieu s’interroger sur la nature de ce « soi » dont nous parlons.

Qui suis-je?

La grande question est posée. Qui est-on véritablement ?

On est généralement tenté de répondre par une formule simple, visant à souligner que l’on est ceci ou cela. Mais force est de constater que dans bien des cas ladite réponse est loin d’être satisfaisante, car en réalité elle ne cerne qu’une facette de notre personnalité.

Je suis un corps, mais je suis aussi un personnage, un rôle social, un individu plus ou moins imprégné d’une culture, d’un passé, et encore un esprit, un caractère, un tempérament… autant de formes de connaissance qui peuvent me définir, mais qui au bout du compte ne disent pas réellement l’essentiel sur mon être le plus intime.

On pourra bien sûr affirmer, en toute logique, que ce que l’on expérimente concrètement dans la vie est l’exacte émanation ce que l’on est au plus profond de soi, il n’en demeure pas moins que le fait de savoir quel est mon métier, ma situation sociale ou mes goûts culturels, peut correspondre à des milliers d’autres personnes qui ont la même « identité collective » et de ce fait ne me désigne pas avec une totale précision. De toute évidence, ma  véritable identité personnelle est donc ailleurs.

Et c’est bien là toute l’ambiguïté du sujet : nous pouvons répondre à quasiment toutes les questions sur notre existence à l’extérieur de nous-même, notre place dans la société et nos rapports avec les autres, mais sommes bien maladroit – voire impuissant – dès lors que nous nous tournons vers l’intérieur de notre être. Comme si notre conscience se trouvait soudain face à un mur invisible, un no man’s land indicible terriblement difficile à pénétrer.

Certains se contenteront de cette « conscience extérieure » de soi, ne cherchant pas davantage à s’infiltrer dans les profondeurs de leur esprit, sur les chemins tortueux et invisibles empruntés chaque minute, chaque heure, chaque jour une pensée aux jaillissements souvent incontrôlés. Ils opteront, sans états d’âme, pour les raccourcis bien pratiques et sécurisants des définitions extérieures.

Mais pour les autres, tous ceux dont l’attente ne peut se satisfaire de demi-réponses, des seules caractéristiques sociales et biologiques, et qui veulent en avoir le cœur net sur la réalité de leur existence, ce sera le début d’une longue quête.

Car venir à la rencontre de soi peut se décider en un instant, mais il faut bien souvent du temps pour soulever une à une les couches de la superficialité ambiante et parvenir là où, loin des affres de la matérialité, tout a commencé, où tout se décide et se vit le plus intensément à chaque instant, dans le souffle et les vibrations originelles d’une vie.

Les spécialistes les plus éminents s’accordent à reconnaître que se réduire à des déterminations purement extérieures pour définir sa propre personne ne peut conduire qu’à un « évitement permanent » de l’essentiel, de ce qui nous distingue intrinsèquement de chacun des milliards d’individus qui peuplent cette planète. Ce peut être un choix volontaire, mais il faut savoir qu’il restera toujours parcellaire et ne conduira jamais à une connaissance totalement objective de soi.

  L’autre choix, qui se présente à quiconque veut en avoir le coeur net sur la véritable nature de son existence, c’est celui de l’introspection, de l’objectivité la plus totale envers ce que l’on va trouver au fond de soi. En une intériorisation qui a tous les accents d’un défi lancé à soi-même, car c’est bien là, en réalité, face à soi-même, que tout se joue, que tout commence et finit.

© Bernard Baudouin